Cétones et performance d’endurance, faisons le point (Partie 1) !
L’apport des cétones exogènes pendant l’exercice
Les cétones ont suscité beaucoup d’attention ces dernières années dans le monde de l’endurance, en particulier dans le cyclisme, où elles sont considérées comme un facteur clé pour atteindre des performances de haut niveau. Certains vont même jusqu’à qualifier la consommation de cétones exogènes de forme de dopage.
Cet article va être divisé en 3 parties pour permettre une meilleure compréhension et une lecture plus fluide :
Partie 1 : L’apport des cétones exogènes pendant l’exercice
Dans cette section, nous explorerons comment les cétones exogènes peuvent influencer la performance d’endurance, notamment en permettant une meilleure gestion des réserves de glycogène et en offrant une source alternative d’énergie lors d’exercices prolongés.
Partie 2 : L’apport des cétones exogènes en récupération
Après l'effort, la récupération est essentielle pour permettre aux muscles de restaurer leurs réserves en glycogène et de réparer les tissus endommagés. Ici, nous analyserons les bénéfices potentiels des cétones exogènes pour accélérer cette récupération, notamment via la régénération du glycogène musculaire.
Partie 3 : Effet de l’apport en cétones exogènes dans la préparation de l’Ironman Hawaii, étude de cas Dans cette dernière section, nous étudierons l'impact concret de la supplémentation en cétones exogènes durant la préparation du WCS IM Hawaii. Cette étude de cas permettra d’évaluer les effets réels sur la performance, la récupération, et la gestion énergétique d’un athlète durant des entraînements prolongés et en conditions de chaleur et d'humidité extrêmes.
Les cétones exogènes sont-ils vraiment aussi miraculeux pour améliorer la performance en endurance ?
Avant de nous pencher sur la supplémentation en cétones exogènes, que ce soit pendant l’effort ou lors de la récupération, il est essentiel de comprendre ce que sont les cétones, leur rôle dans l’organisme, et comment ils sont utilisés au cours d’un exercice prolongé.
On peut distinguer trois corps cétoniques principaux :
Le bêta-hydroxybutyrate (β-hydroxybutyrate)
L’acétoacétate
L’acétone
Seuls les deux premiers sont impliqués dans le métabolisme à l’exercice.
Les cétones sont des molécules produites par le foie à partir des acides gras, principalement des acides gras libres (AGL), lorsque les réserves de glucides sont faibles, comme lors d’une période de jeûne, d'un régime cétogène, ou d'exercices prolongés à faible ou modérée intensité.
Les glucides sont cités comme la source principale d'énergie musculaire pendant l'exercice, en particulier lorsqu'il est réalisé à haute intensité. Un taux élevé de glycogène musculaire pendant l'effort est crucial pour maximiser la performance d’endurance. Lors d’un effort d’ultra-endurance, il y a une diminution inexorable des réserves de glycogène musculaire. L’organisme doit alors mobiliser d’autres substrats énergétiques, comme les acides gras et les cétones, pour continuer à fournir l’énergie nécessaire à la contraction musculaire.
Sur le plan énergétique, les cétones deviennent une source d'énergie importante lorsque les réserves de glycogène sont épuisées, notamment dans le cadre d'exercices très prolongés ou dans des conditions métaboliques particulières, comme le jeûne ou un régime pauvre en glucides.
La production de corps cétoniques augmente progressivement au cours d’un exercice de longue durée. Cette augmentation est due à une production accrue d’acétyl-CoA provenant de l'oxydation des acides gras, excès qui ne peut être entièrement métabolisé dans le cycle de Krebs en raison d'une disponibilité réduite en oxaloacétate, un dérivé du glucose.
Les cétones servent donc de source d'énergie alternative pour le cerveau, les muscles et d'autres tissus. Elles remplacent partiellement le glucose sanguin comme principal substrat énergétique lorsque les glucides sont rares. Contrairement aux acides gras libres, qui sont directement oxydés dans les mitochondries, les cétones sont des molécules intermédiaires qui doivent d'abord être produites par le foie avant d'être utilisées par l’organisme.
La supplémentation en cétones exogènes pourrait être une stratégie potentiellement efficace pour prévenir l'épuisement des glucides durant l’exercice. En effet, la préservation du glycogène musculaire est un facteur clé de la performance lors d’un effort prolongé.
Des études ont montré qu’en perfusant du C-β-hydroxybutyrate lors d’un exercice de longue durée à 50% VO2max, seulement ±3% était capté et oxydé par le muscle en activité (Hagenfeldt & Wahren, 1968 ; Féry & Balasse, 1983).