La question de la cadence de pédalage optimale pour maximiser les performances en cyclisme fait l'objet de nombreux débats depuis plusieurs décennies. Différentes écoles de pensée se confrontent : d'un côté, les partisans de l'entraînement à basse cadence, qui mettent en avant l'amélioration de la force musculaire et l'efficience, de l'autre, les adeptes de l'entraînement à haute cadence, popularisé par Christopher Froome lors de ses victoires sur le Tour de France. Enfin, les études scientifiques suggèrent que la cadence librement choisie par l'athlète pourrait être la plus efficace pour maximiser les performances d’endurance.
L'effet de Mode et les Risques Associés
Récemment, plusieurs athlètes m'ont demandé d'incorporer des séances d'entraînement à basse cadence autour du seuil de lactate 2, inspirés par des entraîneurs anglo-saxons. Cependant, il est important de rappeler que certaines méthodes d'entraînement peuvent devenir populaires grâce aux performances de certains athlètes, sans pour autant être soutenues par des preuves scientifiques solides.
Personnellement, j'ai utilisé l'entraînement en force pendant de nombreuses années, mais sans constater d'améliorations notables en termes de performance en triathlon longue distance. En revanche, ces séances génèrent une sollicitation accrue au niveau musculo-tendineux et lombaire, augmentant ainsi le risque de blessure. Depuis 2016, j'ai opté pour des séances avec des cadences autour de 80 rpm, que je considère comme un compromis efficace sur de longues distances. Quelques études (Hansen & Smith, 2009 ; Lucia & al., 2001) ont également montré qu'une cadence de 80 rpm pourrait représenter un point de compromis optimal en termes d'efficacité métabolique (économie d'énergie) et mécanique (transmission de puissance) pour de nombreux cyclistes. Cependant, il existe une variabilité individuelle, il est ainsi crucial que les cyclistes ajustent leur cadence en fonction de leur propre physiologie et des exigences spécifiques de l'entraînement ou de la course.
Je prends également du recul par rapport aux tendances de l'entraînement en m'appuyant sur des études scientifiques. Cela me permet de vérifier si les méthodes en question sont véritablement efficaces, ou si elles relèvent plutôt du domaine des « légendes urbaines », si je puis dire.
En synthétisant les différentes études scientifiques qui ont comparé les effets de l’entraînement à basse cadence avec ceux de l’entraînement à haute cadence sur la performance d’endurance chez des athlètes entraînés, il devient clair que la situation est complexe et qu'il n’existe pas de consensus établi.
Analyse de 3 études scientifiques
L'étude de Nimmerichter et al. (2011) a comparé les effets de l'entraînement à basse cadence (60 RPM) et à haute cadence (100 RPM) sur la puissance lors d'épreuves chronométrées en montée et sur terrain plat chez des cyclistes entraînés après 4 semaines d’un protocole d’entraînement spécifique.
Trois groupes ont été constitués :
Un groupe à basse cadence (Int60)
un groupe à haute cadence (Int100)
Et un groupe de contrôle.
Contenu des entraînement :
Int60 a réalisé 2 séances d’intervalles de 6*5 minutes à une intensité correspondant à la puissance du RCP/ r 5 minutes à 30-50 % de la puissance du RCP. Ces 2 séances/ semaine ont été réalisés sur une route en montée avec une pente moyenne de 7 % et une cadence de 60rpm.
Int100 a réalisé 2 séances d’intervalles de 6*5 minutes à une intensité correspondant à la puissance du RCP/ r 5 minutes à 30-50 % de la puissance du RCP. Ces 2 séances/ semaine ont été réalisés sur une route plate avec une cadence de 100 rpm.
Le Respiratory Compensation Point (RCP), ou point de compensation respiratoire, correspond à un seuil d'intensité au-delà duquel l'organisme commence à éprouver des difficultés à éliminer suffisamment le dioxyde de carbone produit par le métabolisme. Cela conduit à une augmentation disproportionnée de la fréquence respiratoire par rapport à l'intensité de l'exercice.
En termes d'intensité d'entraînement, le RCP se situe généralement entre le seuil ventilatoire 2 (VT2) et la consommation maximale d'oxygène (VO2max). Il est souvent utilisé pour délimiter la transition entre l'exercice d'intensité modérée à élevée et l'exercice d'intensité très élevée, où l'acidose métabolique commence à s'accumuler rapidement.
Résultats :